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Conversion : Sortir de la crise chrysalide
Il faut aujourd’hui être capable de voir le changement, de prendre le temps d’agir. Faire l’effort de faire un pas vers l’inconnu, de comprendre afin de réussir à s’orienter, à résister, à transgresser, à créer du commun. Mais pour cela, il y a une nécessité de prise de conscience, de retournement vers soi pour être capable d’explorer demain par l’action présente.
Il faudrait - peut-être - que chaque individu intègre une cohérence éthique singulière ( entre penser, sentir, agir, se conduire) sur une base de repères communs. Alors comment déclencher un changement de mouvement chez l’individu ?
Recherche esthétique par le langage et le sens des mots
Chrysalide : C’est la nymphe des lépidoptères dont l'état est intermédiaire entre celui de chenille
et celui de papillon. Être chrysalide, c’est être dans l'état intermédiaire entre l'adolescence et
l'âge adulte. Sortir de sa chrysalide, c’est atteindre son niveau d'épanouissement et de maturité.
Conversion : C’est le changement, par retournement, du sens d'un mouvement en cours. C’est le
fait d'adopter de nouvelles idées et valeurs (morales, esthétiques, etc.), caractérisant un
changement radical de la vie. Cela peut également être une complète transformation spirituelle
et morale (cette transformation n'étant pas ressentie comme une expérience religieuse).
Métanoïa : Le principe de métanoïa qui compose le concept de conversion et qui s’illustre par le
processus de transformation complète de l’être. Le principe de métanoïa c’est se donner une
norme de conduite différente, supposée meilleure. Métanoïa est composé de la préposition
« méta » (ce qui dépasse, englobe, met au-dessus) et du verbe « se soucier / prendre soin »
(percevoir, penser), et signifie « changement de vue », un « renversement de la pensée ». Par la
lecture de l’individu, ce terme désigne une transformation de la psyché. Par la lecture des
croyances, ce terme exprime une conversion à la spiritualité : « Métanoïa signifie au-delà de nous,
au-delà de l'intellect, de notre raison rationnelle et se rapporte à un mouvement de conversion ou
de retournement par lequel l’homme s'ouvre à plus grand que lui-même en lui-même. »
Réflexions
Dans le processus complexe d’apprentissage et de compréhension de la réalité, les
représentations sémiotiques et leurs transformations jouent un rôle central. Ainsi comment
reconnaître un même objet au travers de représentations différentes parce que produites dans
des systèmes hétérogènes ?
Les transformations de représentations sémiotiques ne peuvent-être définis par des règles en
raison de l’hétérogénéité cognitive des systèmes de représentations entre lesquels circule le
mouvement, l’apprentissage, la compréhension. Cela caractérise un dynamisme créateur de la
pensée. En complément aux systèmes de représentations établis comme les mathématiques, un
système de représentation sous-jacent et commun à tous, bien que différent (hétérogène et
autonome) se met en synergie et permet un traitement qui est propre à l’individu ou à un collectif.
Le concept de « conversion » semble approprié à ce type de transformation. Ce mot représente
un changement complet de nature ou encore un passage d’un contraire à l’autre. Ce concept sous
entend deux mots grecs : Métastrophé et Métanoïa. Le préfixe « méta » se place au milieu (de),
avec-dedans et après. Avec une nécessité de participation, d’implication individuelle, il évoque le
saut, la rupture et le dépassement ou changement qui en résulte. On peut se demander comment
s’effectue ce saut créatif ? D’une approche par la connaissance ou par le sujet humain ?
Il est presque logique de vouloir retenir la conversion comme une métastrophé qui lie les
processus d’initiative intime et du contrôle de la conscience, principalement à la conception de
connaissance. Il s’agit de prendre la conversion comme un itinéraire d’accès de la conscience à la
connaissance. Il est bien sûr impossible de séparer les exigences épistémologiques et les processus cognitifs de la formation de la conscience. Platon formule : « Toute acquisition est
fondée sur une compréhension préalable par soi-même. »
Mais le concept de conversion ne peut se résumer à la métastrophé, codage complexe
permettant ce changement de mouvement. En effet, la métastrophé est dépendante d’un
domaine de connaissance comme les mathématiques, la physique ou les normes scientifiques qui
sont des processus cognitifs faisant abstraction des systèmes épistémologiques de la réalité.
Ensuite parce que ce processus de formation de la connaissance n’est plus basé sur la conscience
du sujet mais sur des ensembles de structures indépendantes à la conscience. Cela permet tout
de même de pouvoir produire des représentations, une acquisition de connaissances qui sont
spécifiques à des systèmes « hors-sol ».
On peut donc faire l’hypothèse que la conversion des représentations sémiotiques est lié à la
conversion du regard, au retournement sur soi. Mais qu’il y a une forte influence des exigences
épistémologiques d’une connaissance vraie de la réalité. En prenant en compte ces exigences en
mathématiques, cela conduit à reconnaître le rôle primordial de la diversité des systèmes de
représentations sémiotiques et de leur articulation dans le fonctionnement de la pensée humaine.
Comment permettre aux individus de réaliser une conversion, une capacité de pensée de la
conscience ?
L’éducation et la culture doit alors articuler les multiples systèmes producteurs de
représentations, la formation de l’individu passe par l’accès à une compréhension par soi-même.
On peut alors compléter le concept de conversion par le principe de métanoïa, qui résonne plus
comme changement morale ou spirituel, voir éthique. Lorsque l’on pose la question : Comment
intégrer un projet à une culture ou identité commune, à des communs ? On peut remarquer qu’il y
a là quelque chose qui requiert une exigence éthique (par la pensée, les sens, l’action et la
conduite) plutôt qu’un processus cognitif. Nous nous situons donc entre le développement de la
connaissance, la structuration affective des individus et les buts par lesquels leur existence prend
du sens à leurs yeux.



Références
Robert Mapplethorpe. (2018). In Wikipédia.
Chrysalide. (2018). In Wikipédia.
CHRYSALIDE : Définition de CHRYSALIDE. (s. d.).
CONVERSION : Définition de CONVERSION. (s. d.).
Métanoïa. (2019). In Wikipédia.
Abdoullatif. (s. d.). René Guénon : À propos de « conversions ».
Duval, R. (s. d.). La conversion des représentations : un des deux processus fondamentaux de la
pensée. 39.